LES
CONTRIBUTIONS INDIRECTES� |
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�� Graham Bell a d�pos� sa demande de brevet pour le t�l�phone �lectrique le 14 f�vrier 1876 et pr�sent� son t�l�phone lors de l'Exposition de Philadelphie en 1876. L'attribution du brevet a fait l'objet de longues pol�miques avec Elisha Gray, qui essaya de faire annuler le brevet par les autorit�s am�ricaines. L'appareil fait l'objet de perfectionnements, propos�s notamment par Thomas Edison, durant l'ann�e 1877 et suscite l'enthousiasme des milieux scientifiques europ�ens. Cette d�couverte va susciter les premi�res r�flexions sur la vision � distance. Le t�l�phone de
Graham Bell dans sa version de 1876,�
Louis Figuier (1819-1894), grand vulgarisateur scientifique fran�ais, consacre au t�l�phone ("invention vraiment merveilleuse"), un long article dans le volume 1877 de L'ann�e scientifique et industrielle, Vingt et uni�me ann�e, Librairie Hachette et C�, Paris, 1878. Mais le plus �tonnant est que cet article est imm�diatement suivi par un autre article intitul� "Le t�lectroscope, un appareil pour transmettre � distance les images", qui attribue � Graham Bell l'invention de cet appareil. On ne pr�te qu'aux riches ! Il n'existe aucune trace connue de contribution de Bell sur le t�lectroscope � cette date et l'affirmation selon laquelle "les journaux de Boston affirment que les exp�riences faites dans cette ville, pour produire ainsi les images � distance, ont parfaitement r�ussi" n'a pas, � notre connaissance, �t� confirm�e. Figuier lui-m�me paraissait sceptique, puisqu'il termine son article en �crivant "...mais il faut attendre des descriptions exactes de l'appareil pour croire � cette annonce". ��� Cette attribution fantaisiste n'est qu'une des illustrations du mouvement d'imagination suscit� par l'annonce de l'arriv�e du t�l�phone : si il est possible de transmettre les sons gr�ce � l'�lectricit�, il devrait �tre �galement possible de transmettre des images. En Europe, les deux pionniers de la recherche sur ce sujet seront, en 1878, le Portugais Adriano de Paiva et le Fran�ais Constantin Senlecq. Tous deux reconna�tront que c'est l'annonce de la mise au point du t�l�phone �lectrique par Bell qui a stimul� leurs travaux. ��
��� D�but mars 1880, Graham Bell et son associ� Tainter d�posent aupr�s du Franklin Institute deux bo�tes scell�es dont on ignore le contenu. Ce d�p�t� suscite les imaginations. D�s f�vrier 1880, le Boston Transcript avait publi� un article affirmant, comme Figuier deux ans plus t�t, que Bell avait mis au point un appareil permettant de voir � distance. Cette nouvelle, reprise par la prestigieuse revue Nature, le 15 avril 1880,� �tait fantaisiste puisque le pli concernait le photophone, c'est � dire un appareil permettant de transmettre le son en recourant � la lumi�re, mais non un appareil de vision � distance.� ��� Cette rumeur aura n�anmoins un
impact int�ressant pour les d�veloppements de la t�l�vision �
distance : elle va conduire � la publication, un peu pr�cipit�e, de
diverses contributions qui elles sont bien relatives � l'hypoth�se de la
vision � distance recourant aux propri�t�s du s�l�nium :�
��� La simple rumeur aura donc suffit � lib�rer les imaginations, au grand b�n�fice du progr�s de la science. ��� On a parfois �mis l'hypoth�se que l'attribution du t�lectroscope par Figuier � Graham Bell provenait �galement de la confusion avec les travaux de Bell sur le photophone. Mais la sp�cification provisoire du photophone est dat�e du 2 janvier 1879 et le r�sultat des travaux n'ont �t� r�v�l�s qu'en septembre 1880. Un article de L'Illustration, 25 septembre 1880 - peut-�tre attribuable � Th. du Moncel - expliquant que le photophone de Bell, "comme on l'avait dit � tort un instant n'est pas un t�l�phote". Bell a conserv� la coupure de cet article. (> The Alexander Graham Bell Papers at the Library of Congress).
Le malentendu est lev� en septembre 1880 par une lecture que Bell fait lors d'une r�union de l'American Association et dont le contenu est publi� dans Nature : BELL, A.G., "Selenium and the Photophone", Nature, 22, 23 Sept. 1880. Un article plus d�taill� sera publi� quelques semaines plus tard : BELL, A.G., "Production of Sound by Light", American Journal of Science, 20, October 1880.�
Ce n'est donc pas sans raisons que Bell consid�rera jusqu'� sa mort que cette invention �tait sup�rieure � celle du t�l�phone �lectrique.� D�s mai 1880, Bell avait confi� son appareil � la National Bell Telephone Company, en vue d'une exploitation commerciale. Mais les exp�riences montr�rent vite les limites d'exploitation : en 1883, la limite de diffusion n'avait pas d�pass� 200 m�tres et ce n'est qu'en 1897 qu'un ing�nieur de l'American Telegraph and telephone Company r�ussit une diffusion d'une port�e de plusieurs miles. Mais � cette date la� d�couverte �tait cependant p�rim�e puisque, d�s 1887, Guglielmo Marconi avait fait d�monstration de la possibilit� de la t�l�graphie sans fil, en recourant aux propri�t�s des ondes hertziennes .Bell et Tainter obtiennent leur brevet sur le photophone le 14 d�cembre 1880. (BELL, A.G. and TAINTER, S., Photophone patent 235,496 granted 14 December 1880.). Ils obtiennent le m�me jour deux brevets sur la pr�paration des cellules de s�l�nium. (Patents 235497 et 235590). (>S. SHOENHERR Recording Technology History). La mise au point du photophone a provoqu� la publication de nombreux commentaires aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en France. Graham Bell vint en France recevoir le Prix Volta et pr�senta le photophone � l'Observatoire de Meudon. Un chercheur fran�ais, Mercadier, poursuivit les recherches et proposa le terme de radiophonie pour d�signer la transmission des sons par le biais de la lumi�re. Loin de freiner la r�flexion naissante sur les possibilit�s d'utiliser le s�l�nium pour transmettre des images � distance, la description de l'appareil de Bell et Tainter va renforcer cette r�flexion. L'appareil de Bell confortait l'hypoth�se �mise en en 1873 par Willoughby Smith selon laquelle les propri�t�s photosensibles du s�l�nium pourraient permettre des applications pratiques. Ainsi, le fran�ais Maurice Leblanc fait r�f�rence aux travaux de Bell dans son article� "Etude sur la transmission �lectrique des impressions lumineuses", La Lumi�re �lectrique, 1er d�cembre 1880. De m�me l'allemand Paul Nipkow fait explicitement r�f�rence aux travaux de Bell sur la lumi�re dans son article fondateur o� il d�crit les possibilit�s de balayer une image gr�ce � un disque perfor� ("Der Telephotograph und das elektrische Teleskop", Elektrotechnische Zeitschrift, October 1885). Les bo�tes d�pos�es par Bell et Tainter ont finalement �t� ouvertes en 1937. Elles contenaient le mod�le original du photophone et le descriptif de l'appareil. Ces reliques sont � pr�sent conserv�es � la Smithonian Institution (voir photo).� Un photophone original est �galement conserv� � Paris au Conservatoire national des Arts et M�tiers.� L'appareil de Bell et Tainter occupe aujourd'hui une place quasi mythique dans l'histoire des technologies de communication, pourtant riche en appareils oubli�s. En f�vrier 1995, un groupe d'�tudiants de l'Universit� de Virginie ont d�pos� une demande de brevet pour une version am�lior�e du photophone de Bell et Tainter. Mais ce sont surtout les travaux men�es� � partir de 1960 sur les rayons laser, d�bouchant notamment sur le lancement en 1978 du Compact Disc Audio, qui ont donn� l'illustration que l'hypoth�se de Bell - transmettre le son � travers la lumi�re - �tait loin d'�tre absurde.
Dans son ouvrage remarquable Television. An international history of the formative years, R.W. Burns �crivait encore en 1998, � propos des rumeurs sur les travaux de Bell en mati�re de vision � distance : "Actually Bell never engaged in the above field of research" (p.44).� Cette affirmation peut � pr�sent �tre d�mentie, gr�ce � la publication par la Library of Congress des archives de Bell (The Alexander Graham Bell Papers at the Library of Congress). Un document atteste que Graham Bell s'est int�ress�, comme les autres inventeurs de sa g�n�ration, aux possibilit�s "de voir par l'�lectricit�" bas�e sur l'emploi du s�l�nium, mais il n'a formalis� sa r�flexion sur cette question que relativement tardivement. Il s'agit des notes� dict�es du 10 au 13 avril 1891 � Arthur W. McCurdy et publi�es le 22 mars 1910 : "Editorial and Articles on the possibility of seeing by electricity".� Ces notes constituent essentiellement une r�flexion th�orique sur les possibilit�s d'utiliser les propri�t�s photosensibles du s�l�nium pour transmettre. Bien que formul�es dans l'�l�gante clart� caract�ristique du style de Bell, elles ne nous paraissent pas apporter beaucoup d'�l�ments nouveaux par rapport aux travaux des contemporains de Bell, travaux que celui-ci �vite soigneusement de citer. On remarquera n�anmoins que Bell, conscient des limites du s�l�nium en mati�re de conductivit� et des difficult�s pratiques de pr�parer cette substance, indique que le tellurium pourrait �tre mieux adapt�. Les notes de Bell sur la possibilit� de voir par l'�lectricit� (dict�es en 1891, publi�es en 1910). ��� Notons �galement qu'en 1889, un proche de Bell, E.H. Hall Jr., vice-pr�sident de la filiale de la Bell Company consacr�e aux liaisons � distance (AT&T) exprimait dans une lettre publi�e par Electrical Review, l'espoir que le g�nie des inventeurs permettrait de voir son interlocuteur en m�me temps qu'in l'entendrait au t�l�phone.
��� Une des premi�res applications d�velopp�e pour le t�l�phone f�t le th��trophone, propos� d�s 1881 par le fran�ais Cl�ment Ader. Cette distribution de musique et de concert constitua, jusqu'� l'arriv�e de la radio, la premi�re forme de distribution �lectrique de culture et de divertissement. Voir nos pages "Th��trophone".
L'article "Seeing By Electricity" paru dans Electrician and Mechanic, August 1906 signale une d�claration de Bell - dont nous n'avons pu identifier la source ni l'authenticit� - t�moignant du scepticisme de Bell quant � la possibilit� de voir � distance par le biais de l'�lectricit�. Il faut dire qu'� cette �poque les pr�sentations et revendications fantaisistes se multipliaient. "Seeing by telephone or by telegraph may be within the range of the possible. I say that because nothing is impossible until it has been demonstrated so to be. Seeing by either of these instrumentalities, however, is, as I look upon it, so far removed from the field of probability that I should treat any report of this character as an absurdity."
��� Les espoirs que Graham Bell contribue � la mise au point de la vision a distance ont perdur�s plus de quarante ans apr�s l'article de Figuier.� En1915, il fallait encore qu'un de ses admirateurs, George G. Veditz, l'incite dans une lettre � mettre au point "a sort of television". (Lettre conserv�e � Library of Congres dans la collection Alexander Graham Bell Familly Papers at the Library of Congress). ��� Il faudra attendre 1930 pour que les laboratoires de la Bell Company jouent un r�le important dans le d�veloppements de la t�l�vision. Mais l'illustre inventeur �tait mort en 1922.
BELL, A.G., "Selenium and the Photophone", Nature, 22, 23 Sept. 1880. Article de L'Illustration, 25 septembre 1880 expliquant que le photophone de Bell, "comme on l'avait dit � tort un instant n'est pas un t�l�phote". (> The Alexander Graham Bell Papers at the Library of Congress) BELL, A.G., "Production of Sound by Light", American Journal of Science, 20, October 1880, pp. 305-324. du MONCEL, Th., "Reproduction des sons sous l'influence de la lumi�re. Photophone de M. Bell", La Lumi�re �lectrique, Paris, 1er octobre 1880 du MONCEL, Th., "Quelques mots encore sur le photophone", La Lumi�re �lectrique, 1er novembre 1880. Rapport sur le photophone de Bell, Nature, 23, 4 Nov. 1880, pp. 1880. BELL, G., "On Methods of Preparing Selenium and other Substances for Photophonic Experiments", Proceedings of the Royal Society of London, Nov. 25 1880, p.72. BELL, G. "Das Photophon. Vortrag." Gehalten auf der XXIX. Jahresversammlung der� Amerikanischen Gesellschaft zur Forderung der Wissenschaften zu Boston im� August 1880, � Aus dem Englischen, Verlag von Quant & Handel, Leipzig, 1880. BELL, A.G. and TAINTER, S., Photophone patent 235,496 granted 14 December 1880. Articles sur le photophone dans les Comptes rendus hebdomadaires de l'Acad�mie des Sciences en 1880 (> Site Gallica de la BNF) :
� "Bell's photophone", Sc. Amer., 44(1), 1 January 1881, pp.1-2. "The Photophone", Appletons' journal: a magazine of general literature, Volume 10, Issue 56, D. Appleton and Company, New York, February 1881,� pp. 181-182 BELL, A.G., "Editorial and Articles on the possibility of seeing by electricity", Notes dict�es du 10 au 13 avril 1891 � Arthur W. McCurdy et publi�es le 22 mars 1910 (> The Alexander Graham Bell Papers at the Library of Congress)
� BRUCE, R.V., Alexander Graham Bell and the Conquest of Solitude, Little Brown, Boston, 1973. EVENSON, A.E., The Telephone Patent
Conspiracy of 1876 : The Elisha Gray-Alexander Bell Controversy and Its
Many Players, McFarland and Company, Jefferson, 2001.
Alexander Graham Bell Familly
Papers at the Library of Congress Alexander Graham Bell's
Path to the Telephone H.N.
CASSON, The History of telephone, 1910.
Soci�t� g�n�rale des t�l�phones - Un site bien illustr� sur les d�buts du t�l�phone en France. Le t�l�phone ancien dans tous ses �tats. Site d'Alain Grout Telephone Collectors International Tribute to the Telephone. The past, present and future of telephone Private Line's� Telephone History
S.
SHOENHERR Recording
Technology History � |
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